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🚀 Diversifier son activitĂ© en tant que professionnel paramĂ©dical libĂ©ral

Vous ĂȘtes orthophoniste, infirmier·Úre, podologue, masseur-kinĂ©sithĂ©rapeute ou orthoptiste, et vous avez envie d’élargir un peu votre horizon professionnel sans quitter votre cƓur de mĂ©tier ?

Vous pensez à une activité complémentaire (coaching, sophrologie, etc) ?

Bonne nouvelle : c’est possible. Et ce n’est pas forcĂ©ment un parcours du combattant.

Mais avant de foncer tĂȘte baissĂ©e, il y a quelques points Ă  connaĂźtre, pour rester dans les clous cĂŽtĂ© juridique, fiscal, social
 et pour ne pas vous compliquer la vie plus que nĂ©cessaire.

1. Une seule entreprise, plusieurs casquettes : c’est lĂ©gal

Section intitulĂ©e « 1. Une seule entreprise, plusieurs casquettes : c’est lĂ©gal »

Commençons par le plus simple.

Si vous exercez dĂ©jĂ  en entreprise individuelle – ce qui est souvent le cas des professionnels de santĂ© libĂ©raux – vous n’avez pas besoin de crĂ©er une nouvelle structure pour proposer une activitĂ© annexe.

En France, une personne physique ne peut avoir qu’une seule entreprise individuelle (donc un seul SIREN), mais cette entreprise peut avoir plusieurs activitĂ©s (et donc plusieurs casquettes).

ConcrĂštement, il suffit de faire une “adjonction d’activitĂ©â€. Cette dĂ©marche se fait entiĂšrement en ligne sur le site du Guichet unique des formalitĂ©s d’entreprises, qui est gĂ©rĂ© par l’INPI. Cela permet de dĂ©clarer officiellement votre nouvelle casquette sans crĂ©er une nouvelle entreprise.

Vous garderez le mĂȘme SIRET, mais avec une activitĂ© secondaire officielle. CĂŽtĂ© compta, on parle d’activitĂ© mixte : une partie rĂ©glementĂ©e (votre cƓur de mĂ©tier), une partie non rĂ©glementĂ©e (votre activitĂ© complĂ©mentaire).

2. Ne pas tout mélanger : soins réglementés vs. prestations annexes

Section intitulée « 2. Ne pas tout mélanger : soins réglementés vs. prestations annexes »

La clĂ© pour Ă©viter les ennuis, c’est de bien sĂ©parer ce qui relĂšve de votre activitĂ© de soin et ce qui appartient Ă  votre activitĂ© secondaire.

Ce n’est pas qu’une histoire de vocabulaire : c’est essentiel pour respecter les rùgles fiscales, sociales
 et pour ne pas vous retrouver à devoir justifier des choses floues en cas de contrîle.

Votre activitĂ© principale – orthophonie, soins infirmiers, kinĂ©, etc. – est rĂ©glementĂ©e. Elle dĂ©pend d’un cadre clair, souvent conventionnĂ© avec la SĂ©cu, et exonĂ©rĂ© de TVA.

Votre activitĂ© secondaire, elle, n’a pas ce statut. MĂȘme si elle est aussi exercĂ©e en libĂ©ral, elle est considĂ©rĂ©e comme non mĂ©dicale, et donc soumise Ă  la TVA
 sauf si vous ĂȘtes en dessous d’un certain seuil.

C’est un point important : tant que votre chiffre d’affaires sur l’activitĂ© secondaire reste en dessous de 37 500 €/an (seuil actuel pour la franchise en base de TVA, susceptible d’évoluer), vous n’ĂȘtes pas obligĂ© de facturer la TVA sur ces prestations.

Vous pouvez simplement indiquer sur vos factures : « TVA non applicable – article 293 B du CGI ».

Mais attention : si vous dépassez ce seuil, vous devrez commencer à appliquer la TVA sur votre activité annexe mais pas sur votre activité de soins, qui reste exonérée quelque soit le montant.

Et dans ce cas, il faudra bien sectoriser les deux volets : l’un soumis à TVA, l’autre non.

Ce qui veut dire, entre autres, séparer les factures, suivre vos dépenses par activité, et éventuellement faire des proratas pour récupérer (ou pas) la TVA sur vos achats.

Bref, c’est faisable, mais un peu plus technique.

3. Cotisations sociales : tout passe par l’URSSAF
 ou presque

Section intitulĂ©e « 3. Cotisations sociales : tout passe par l’URSSAF
 ou presque »

Tant que vous restez avec une seule structure (entreprise individuelle), vous ne ferez qu’une seule dĂ©claration de revenus BNC Ă  l’URSSAF.

Lors de votre dĂ©claration sociale annuelle (la DS-PAMC), l’URSSAF vous demandera de ventiler vos revenus : d’un cĂŽtĂ© ceux tirĂ©s de votre activitĂ© conventionnĂ©e, de l’autre ceux de votre activitĂ© non conventionnĂ©e (coaching, etc.). C’est cette distinction qui dĂ©clenche le calcul diffĂ©rent des cotisations.

Si vous ĂȘtes affiliĂ© au rĂ©gime des PAMC (praticiens et auxiliaires mĂ©dicaux conventionnĂ©s) :

  • vos revenus conventionnĂ©s sont taxĂ©s avec un taux rĂ©duit (prise en charge partielle des cotisations Maladie) → approximativement 11% de “revenus + cotisations CARPIMKO payĂ©es”.
  • vos autres revenus sont taxĂ© avec le taux plein de Cotisation Maladie (car ils ne bĂ©nĂ©ficient pas de la prise en charge par la CPAM) et soumis Ă  une Cotisation Additionnelle Maladie → approximativement 21% de “revenus + cotisations CARPIMKO payĂ©es”.

Là, c’est une autre histoire.

Si vous dĂ©cidez de sĂ©parer les deux activitĂ©s juridiquement – par exemple en crĂ©ant une SASU ou une EURL pour l’activitĂ© secondaire – vous aurez deux affiliations diffĂ©rentes.

Une pour l’URSSAF PAMC (orthophonie, kiné ), une autre pour l’URSSAF des indĂ©pendants classiques (coach, praticien bien-ĂȘtre, consultant
).

Avantage : une vraie séparation des risques, des responsabilités, des comptas.

InconvĂ©nient : potentiellement deux cotisations minimales Ă  payer, mĂȘme si votre activitĂ© secondaire rapporte peu. Pas toujours rentable, donc.

Si vous gardez une seule entreprise (et donc un seul statut), tous vos revenus libĂ©raux – soins + activitĂ© secondaire – seront pris en compte dans le calcul de vos cotisations retraite.

Vous cotiserez donc à votre caisse habituelle (la CARPIMKO pour les professions paramédicales), sur la base de votre revenu global.

C’est simple, transparent, et ça Ă©vite de vous retrouver Ă  cumuler des petits droits Ă  la retraite dans deux rĂ©gimes diffĂ©rents.

Et en bonus, vous augmentez lĂ©gĂšrement vos droits Ă  la retraite en cotisant sur un revenu plus Ă©levĂ©. C’est plutĂŽt une bonne chose.

En revanche, si vous crĂ©ez une structure sĂ©parĂ©e pour votre activitĂ© secondaire, alors lĂ , c’est un autre monde : vous risquez de devoir cotiser Ă  une deuxiĂšme caisse de retraite (rĂ©gime des indĂ©pendants, ex-RSI), avec sa propre assiette, ses propres cotisations minimales
 et potentiellement un deuxiĂšme rĂ©gime de prĂ©voyance.

Donc Ă  nouveau :

  • tant que c’est petit, mieux vaut mutualiser.
  • Si ça devient gros, la double structure peut se justifier – mais il faut en accepter les consĂ©quences.

5. Réglementation et éthique : les bonnes pratiques à respecter

Section intitulée « 5. Réglementation et éthique : les bonnes pratiques à respecter »

Dernier point, mais pas des moindres : ce n’est pas parce qu’aucune loi ne vous interdit d’avoir une activitĂ© annexe que vous pouvez faire n’importe quoi. Il y a quelques rĂšgles (mĂȘme implicites) Ă  suivre pour rester dans un cadre professionnel clair et Ă©thique.

  • Ne mĂ©langez pas les genres : Ă©vitez de faire passer une prestation bien-ĂȘtre pour un soin mĂ©dical. Ne proposez pas une rééducation cognitive non conventionnĂ©e sous un autre nom si c’est de l’orthophonie dĂ©guisĂ©e, par exemple.
  • Pas de publicitĂ© floue : ne mentionnez pas vos titres de professionnel de santĂ© dans votre communication sur votre activitĂ© secondaire. Et soyez transparent : prĂ©cisez bien que ce n’est pas remboursĂ© par l’Assurance Maladie.
  • Assurez-vous correctement : votre assurance RCP d’orthophoniste ou de kinĂ© ne couvrira probablement pas vos activitĂ©s annexes. Il vous faut une couverture spĂ©cifique pour cette nouvelle activitĂ©.
  • Renseignez-vous auprĂšs de votre Ordre ou syndicat : Avant de vous lancer, vĂ©rifiez les rĂšgles de votre profession. Certains Ordres (masseurs-kinĂ©sithĂ©rapeutes, infirmiers
) ont des directives spĂ©cifiques sur le cumul d’activitĂ©s pour garantir l’indĂ©pendance professionnelle et Ă©viter toute confusion pour les patients. Un petit coup de fil ou un e-mail peut vous Ă©viter bien des tracas.

En conclusion : oui, diversifier est possible. Mais faites-le intelligemment

Section intitulée « En conclusion : oui, diversifier est possible. Mais faites-le intelligemment »

Si vous avez envie de tester une autre activitĂ© Ă  cĂŽtĂ© de votre pratique paramĂ©dicale, vous ĂȘtes dans votre droit.

Et c’est mĂȘme souvent trĂšs enrichissant, Ă  la fois sur le plan personnel et professionnel. Mais pour que ça reste fluide et avantageux, voici la rĂšgle d’or :